Matisse Jazz

Les artistes ne prennent jamais leur retraite et, en fait, certaines des œuvres les plus créatives ont été produites dans les dernières années de la vie d'un artiste, lorsque des limitations physiques exigent que le processus créatif trouve de nouvelles formes d'expression. C'est une chose que j'ai commencé à envisager, non pas dans un avenir immédiat, mais certainement dans un avenir plus lointain. Au cours de ses dernières années, Henri Matisse a été confiné dans un fauteuil roulant et a commencé sa série de "découpages", qui ont été arrangés en compositions. Le groupe le plus célèbre de ces images a été réalisé avec un texte manuscrit et s'appelle Jazz. Matisse avait 77 ans lorsque ce livre a été publié et il correspondait à la définition de Keith Jarrett : "Le jazz est un processus intérieur qui se manifeste par une découverte continue".

Ces découpages sont le résultat du désir continuel de simplification de Matisse. Il réduisait tout à l'extrême de la forme et de la couleur en dessinant avec ses ciseaux. Le processus de découpage était rapide, puis les morceaux étaient déplacés jusqu'à ce qu'une composition finale soit créée, et comme le dit Katrin Wiethege dans son essai Matisse : Les papiers découpésC'est peut-être dans cette spontanéité et cette improvisation que l'on peut voir l'analogie la plus étroite avec la musique de jazz : des passages initiaux répétés et des variations d'un thème travaillant continuellement vers une composition finale.

Matisse travaille à partir de feuilles de papier monochromes préalablement peintes à la gouache. Ces pièces étaient assemblées en compositions de la taille exacte du livre qui fut finalement publié. Dans mon œuvre, qui rend hommage à cette période intensément créative de la vie de Matisse, j'ai inclus un grand nombre de ces images improvisées dans du verre coloré et du métal découpés.